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Indice de Madjid Bekkouche : Mais où sont donc passés les billets ?

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Dans un contexte d’économie de marché, les pénuries occasionnelles de monnaie fiduciaire ne sont pas explicables; elles ressembleraient, pour un pays qui a un passé enraciné dans le capital, à un accident contre-nature ou à quelque aberration dont la source ne peut être qu’un complot ourdi à des fins de malveillance contre l’économie visée. Mais dans le cas algérien, dont l’économie en transition est encore perméable à des dysfonctionnements structurels, à une absence de synchronisation dans l’enclenchement des processus de réapprovisionnement et autres mécanismes de routine qui demeurent à parfaire, cette situation est tout à fait acceptable, d’autant qu’il faudrait passer en revue, dans l’espace de cette chronique, les causes essentielles de cette pénurie au niveau de l’institution postale. Si l’argent a manqué à Algérie-Poste, c’est que l’argent a aussi, et avant tout, manqué à la Banque d’Algérie. Ce qui nous amène à nous mettre à la place de la Banque d’Algérie pour remonter au cœur du problème. En fait, la BA a un programme de distribution et d’émission de monnaie fiduciaire qui est conforme à un certain nombre de règles qu’il est possible de résumer, schématiquement, en une seule phrase.
Elle n’émet que les quantités nécessaires de monnaie, conformément à des règles anti-inflationnistes qui ne sont pas à réinventer. Ce qui revient à dire que la Banque d’Algérie est en droit de temporiser, même quand une demande de monnaie fiduciaire est formulée par des organismes bancaires ou postaux, quand elle juge qu’il y a encore des quantités très importantes de monnaie en circulation qui n’ont pas encore fait le tour du circuit. Temporiser signifie qu’on prend le temps de voir venir avant de prendre une décision aussi importante que celle d’appuyer sur la planche à billets au risque de produire un effet inflationniste. Ce qui nous amène à nous poser une question, après la résolution de la crise de pénurie de cette monnaie à travers l’émission de nouveaux volumes monétaire par la BA. Mais où est donc passé l’argent ? De fins observateurs du marché financier lient cette pénurie, dont ils disent d’ailleurs qu’elle risque de connaître de nouveaux rebondissements, au rendez-vous du mois de mars 2011, lorsqu’il sera impossible de recourir au billet de banque pour des opérations supérieures ou égales à 500 000 DA. Il se pense çà et là, donc, que des opérateurs économiques, en grand nombre, sont en train de se préparer à une gestion improvisée de cette situation, en thésaurisant progressivement, autant de liquidités qu’ils pourront, et cela, en vue de faire face à cette future contrainte au moins aussi longtemps qu’ils auront les moyens de le faire avec les quantités thésaurisées d’ici au mois de mars. Imaginez qu’il s’agisse de milliers d’opérateurs, de là à ce rendez-vous, il risque d’y avoir, sur le marché de la monnaie, si la BA consent à remplacer la monnaie évanouie dans la nature, des quantités immenses de monnaie fiduciaire, dont l’effet inflationniste pourrait être très néfaste pour l’économie algérienne.
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