Une étoile dans le firmament
Le théâtre se voit amputer encore une fois d’une pionnière des planches. Keltoum, comme son nom l’indique est partie sous son tout dernier uniforme de Bernada Alba de Lorca . Du haut de ses 94 ans, celle qui passionna les foules d’avant et après guerre a abdiqué face au destin qui l’a ravie au summum de sa gloire. Elle n’avait plus rien à prouver, tant par ses valeurs humaines qu’artistiques. C’est dans la comédie que Keltoum puisa à fond sa force de caractère pour rendre au théâtre ce qui appartient à l’Algérie. Les tout premiers duos en sketches avec Bachtarzi, Rachid Ksentini l’ont propulsée sous les feux de la rampe, pour embrasser à jamais une très longue carrière de comédienne. A cette époque, la première comédienne algérienne a participé dans plusieurs pièces théâtrales surtout avec le talentueux Habib Redha. Dans un dernièr adieu au théâtre, Adjouri Aicha, de son vrai nom, à magistralement interprété « Ouled El ouarbane » à travers les ondes, elle s’est voulue cette noble fée prenant son envol dans le firmament. Dans un parcours sans pareil, les mères de toutes les vertus s’est démêlée sur les scènes cinématographiques et théâtrales. Sur le podium de Cannes, la grande consécration internationale du film «Chronique des années de braise » lui onT valu le renom des grandes dames de l’interprétation féminine. Le cinéma algérien s’en appauvrit à son tour avec cette disparition. De tous les films sur la lutte de libération nationale, Keltoum campera le rôle de toutes les mères algériennes dans leur grand sacrifice. « Les barbelés », « Les hors la loi », enfin dans le dernier film satirique de Hassan Terro. Keltoum aux côtés de son partenaire Rouiched tournèrent en dérision l’administration coloniale». Dès l’aube du music hall algérien, dans la troupe de Ali Riahi, elle sonna le Maghreb avec le crooner tunisien de l’époque pour interpréter les belles œuvres devenues morceaux d’anthologie dans les chansons maghrébines. De tous les évènements qui ont fait vibrer les sociétés maghrébines, Keltoum en fut l’aiguillon. La trilogie cinéma-chanson-théâtre sont restés pour Keltoum le passage obligé pour compléter une très longue carrière dans un style homérique qui prend en compte la valeur tragi-comique de l’actrice. La Comédie française devait aussi découvrir les adaptations de « La mégère apprivoisée, » «Antigone» et tant d’autres pièces radiophoniques par Keltoum. Dans sa très grande dimension universelle, Keltoum se retrouve portée aux nues à travers le très long palmarès jamais égalé. A l’aube de sa gloire, en 1936 déjà, elle attira l’attention des responsables de la Comédie française. Et c’est ainsi qu’elle est devenue une actrice incontournable dans les adaptations d’œuvres. Avec « Une rose rouge pour moi », « Les fourberies de Scapin » elle termine sous les lampions avec le film «La septième porte » de Svoboda » La personnalité de cette grande dame des arts s’invite dans la grande critique d’art pour mettre en valeur le génie du comédien au service de l’humanité toute entière. Aujourd’hui, le théâtre s’assombrit dans la fatalité d’un destin qui lui reprend son âme.
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