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Keltoum «Bent El Ourbane»

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C’était le 8 mars 2009. L’héritier de Keltoum s’est déplacé au musée du Moudjahid au nom de sa mère, honorée par le quotidien Horizons. Une cérémonie qu’elle aurait voulu vivre aux côtés d’autres femmes artistes engagées dans la lutte de libération, dont le journal s’est souvenu en leur consacrant son hors série, le 4e du genre, spécial femmes. Son ami le comédien Abdelhamid Rabia auquel elle avait accordé une entrevue ayant coupé le contact avec la scène et la presse depuis longtemps, a mis en relief à travers un article la vie tumultueuse de cette artiste. En voici le contenu, pour mémoire.

Bent keltoum, de son vrai nom adjouri aicha, reste une figure emblématique du monde artistique. connue dans le monde d’abord du chant, de la danse, puis le théâtre  et le cinéma, keltoum a passé plus de 70 années sur la scène et devant les caméras.Elle est considérée comme première figure artistique, comédienne pionnière. Elle est la doyenne des artistes femmes en Algérie. Son image reste gravée dans l’histoire de l’art. Elle a aimé et adoré l’art d’une manière générale et surtout l’art dramatique depuis son enfance. Keltoum est née le 4 avril 1916 dans la ville des Roses, «Blida la charmante». Audacieuse dès son jeune âge, elle est rejetée par sa famille après avoir choisi le monde de l’art. A ses débuts artistiques avec la troupe féminine : elle organisait des fêtes de mariages et des animations, jusqu'à ce qu’elle se fait découvrir par le père spirituel et le génie du théâtre en Algérie, Mahieddine Bachtarzi. Immédiatement, Keltoum rejoint la troupe théâtrale que présidait et dirigeait le talentueux Bachtarzi. Il lui a donné la chance et l’occasion de monter et d’apparaître sur scène. Aussitôt Keltoum est devenue une star.
Une vedette incontestable de la troupe professionnelle qui comptait de grands comédiens. Keltoum a commencé sa carrière artistique officiellement vers les années 1930. Elle était amoureuse du théâtre et des spectacles, malgré l’opposition et les préjugés de sa famille. En 1936, Keltoum a attiré l’attention des responsables de la troupe et des réalisateurs européens. Et c’est ainsi qu’elle est devenue une actrice importante après avoir joué dans le film «La Septième porte Svoboda ». Et au moment de signer un autre contrat, elle tombe malade et ce, à la fin des années 1940. Keltoum revient au sein de la troupe de Mahieddine. En sa qualité de directeur, il préparait une tournée à travers plusieurs villes françaises telles que Marseille, Paris, Lyon ainsi qu’en Belgique. Sans oublier le Maroc, la Tunisie, la Libye. Dans tous ces pays la troupe a obtenu un grand succès et a suscité l’admiration du public qui ne s’arrêtait pas d’applaudir le talent et les prouesses artistiques de Keltoum. Elle était l’unique comédienne algérienne qui a fait danser environ 20.000 spectateurs dans le parc Albert 1er à Nice. A cette époque, la première comédienne algérienne a participé dans plusieurs pièces théâtrales avec Mahieddine, Rachid K’sentini, Bachdjerah, et surtout le talentueux comédien Habib Réda. Ainsi Keltoum a joué dans les pièces : Mariage par téléphone, Fille sauvage, etc. L’aventure de Keltoum dans le théâtre a officiellement démarré et à chaque fois que la troupe montait des pièces, e sillonnait presque le territoire national et l’étranger. Devant ces succès, les portes du monde artistique comme la radio, le cinéma, la danse et le chant se sont ouvertes. Elle a alors enregistré de nombreuses chansons dont la célèbre «Ya ouled el ourban». Mais son parcours dans la chanson a été court. En 1947, Keltoum a interprété les premiers rôles féminins, soit dans la tragédie ou dans la comédie, ne refusant jamais les distributions. Et c’est ainsi qu’elle devient sociétaire et conseillère à la radio en langue arabe. En 1951, elle a arrêté toute activité, pendant une courte période. Elle est revenue en 1952 sur scène pour reprendre le rôle de Disdémone, personnage d’Othello, du dramaturge anglais Shakespeare, adaptée en arabe par l’écrivain et penseur algérien Ahmed Toufik El Madani. Keltoum a émerveillé les amateurs du théâtre avec sa présence et son interprétation merveilleuse. En 1953, suite à une fatigue, elle était obligée d’arrêter de nouveau sa relation avec l’art. Une année après, elle renoue après avoir accouché de son premier garçon, Sid-Ahmed Fetouh.
Et juste après le déclenchement de la Révolution, toutes les activités culturelles et sportives sont arrêtées sur ordre des dirigeants du CCE. C’est ainsi que Keltoum a répondu à l’appel du FLN. C’est une militante de la première heure, avec ses frères et soeurs artistes qui avaient épousé, comme elle, la cause nationale. Keltoum transportait des armes et abritait ses amis militants chez elle, comme Habib Réda. Les forces coloniales gardaient un oeil sur l’activité de la comédienne.
L’armée française effectuait souvent des descentes à son domicile à Saint-Eugène. Ces descentes l’avaient poussée à prendre la fuite pour aller s’abriter chez des amis. Elle échappa à la mort, ainsi que son mari et son bébé lors d’une descente de la DST et des paras. Une arme pointée sur elle, le para était prêt à tirer n’était les pleurs du bébé. En quelques secondes le para est redevenu humain. Keltoum est la première femme à avoir osé porter lors d’une représentation au TNA, une robe cousue avec tous les drapeaux du monde arabe. Le message que véhiculait cette robe, était très clair et notre artiste héroïne n’en est que fière.
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