Chérarba, Les eucalyptus, Sidi hamed, Erraïs... : Après la peur la sécurité reprend ses droits
Chérarba, Les eucalyptus, Sidi hamed, Erraïs, pour ne citer que ces localités de la wilaya d’Alger, ont vécu le martyrE durant la décennie noire.
Des populations entières ont quitté maisons, villas et lots de terrain pour fuir l’insécurité. Des massacres collectifs ont été perpétrés par les hordes terroristes semant sur leur passage peur, effroi et insécurité. Des familles entières ont bradé leur maison cherchant par n’importe quel prix un toit pour échapper à une mort certaine. Boutrik H’Maidi se souvient très bien de cet épisode douloureux pour sa petite famille et celui de tout le quartier de Chérarba.
Hier, il était adossé à un arbre, fumant tranquillement une cigarette en attendant son petit fils qui devait sortir de l’école à onze heures trente. Contrairement à d’autres citoyens, H’Maidi n’a pas quitté son logement durant les années de terrorisme. Il raconte qu’il ne sortait point de chez lui. A 17 heures le couvre-feu est instauré au sein de sa famille. Dès qu’il entend, de loin, des coups de feu ou le bruit de la sirène des ambulances, il se recroqueville et prononce la «chahada» tout en demandant à Dieu d’épargner sa famille, ses voisins et ses connaissances. A l’orée de la célébration de la cinquième année de la réconciliation nationale, ce cauchemar a été enfoui dans son subconscient. Notre présence a fait remuer le couteau dans la plaie en quelque sorte. «Non, ma fille dira-t-il, il ne faut pas réveiller les mauvais souvenirs, parlons plutôt du présent et de l’avenir».
Son unique petit- fils est arrivé de l’école, et il doit nous quitter. Plus loin, Mohamed un jeune homme d’une trentaine d’années gère un restaurant. Pour lui la sécurité est totale. Plusieurs barrages de la gendarmerie sont dressés ce qui rassure aisément les habitants. Mais pour Mohamed et certains clients rencontrés dans son établissement, les routes, une polyclinique, une poste et toutes les infrastructures pour bien vivre doivent être inscrites au programme de l’APC.
Amine Khoulali, qui gère une boucherie mitoyenne au restaurant de Mohamed est de cet avis : «Puisque la sécurité est assurée, il faut maintenant se concentrer sur le bien-être des administrés de Chérarba qui sont tous revenus de leur exil forcé», dira t-il. En effet, renchérira, Tayeb qui est revenu à sa ville natale après avoir loué sa villa durant la décennie noire.
«On était contraint de partir sous peine d’être assassiné. Maintenant que la sécurité est restaurée, il faut que la mairie fasse son travail pour attirer plus d’investisseurs». En fait, Cherarba a une vocation agricole. Les maraîchers sont à perte de vue, de la simple tomate jusqu’aux arbres fruitiers. A Erraïs, les citoyens vaquent à leur préoccupation. Sur la route principale de cette commune, quelques commerces sont ouverts. Les personnes âgées palabrent sous l’ombre imposante des mûriers. Au niveau de l’antenne de l’APC, c’est le calme plat. «Ici, les terres qui ont été abandonnées ont repris leur première vocation à savoir l’agriculture», dira un épicier victime du terrorisme. Sa famille a été décimée.
Il pense qu’il faut tourner la page tachée de sang et s’occuper de l’avenir car c’est le plus dur. Aux eucalyptus, Habib Lahbib, la quarantaine, un natif de Diar El Mahçoul a vécu la peur durant les années quatre-vingt dix. De temps en temps, il lui arrivait de ne pas sortir de la maison pour ne pas être choqué à la vue des têtes coupées et jetées à même le trottoir. Actuellement son désir est de voir sa commune érigée au rang de daïra.
Il confiera, mordicus, que les Eucalyptus se targue d’avoir le plus grand nombre de citoyens. Son ami Hamid est parti avec sa famille en Kabylie.
D’ailleurs sa scolarité a été perturbée. Recalé à la neuvième année, il a suivi une formation en électricité-auto et travaille dans le garage familial. Sa tante qui était hôtesse de l’air et qui habitait juste en face de leur appartement a été menacée de mettre le hidjab et de quitter Air Algérie.
N’ayant pas obtempéré, elle a été suivie et tuée à bout portant dans les escaliers de l’immeuble. La blessure est pansée depuis. Et comme pour conjurer le sort, sa petite sœur est devenue hôtesse comme elle. Hamid, tout comme son ami Lahbib estiment que la vie vaut la peine d’être vécue pleinement. Le terrorisme a été une plaie, certes, mais, il faut transcender la peur et aller de l’avant. «C’est un chapitre douloureux, mais regardez ce que vit le peuple palestinien depuis 1948, regardez le peuple irakien ce qu’il vit depuis 1991». «Nous algériens, nous nous estimons heureux d’avoir remonté la pente tout de suite», ont –ils soutenu.
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