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Tayeb, Hamid et Ahmed affrontent leur destin avec courage

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Le destin est parfois cruel. Tayeb, Hamid et Ahmed, trois frères handicapés atteints de maladies congénitales aggravées par l’absence d’une prise en charge, issus de la famille Saoudi, vivent seuls dans une maison héritée de leurs parents. Tayeb est l’aîné. Il est né en 1943, et est atteint d’une maladie neurologique.
Il ne peut pas faire dix mètres de marche sans qu’il ne perde l’équilibre car la maladie et le vertige le laissent cloué dans son lit. Son frère, Hamid, né le 29 Avril 1946, mentalement atteint, et depuis qu’il a été fauché par un chauffard, est paralysé à 100%, après qu’il ait erré durant des jours sans donner signe de vie. Aujourd’hui, devenu aussi aveugle depuis qu’il a reçu le choc de l’accident en pleins pectoraux en 2000.
Le troisième frère, Ahmed, est touché lui aussi d’une maladie neurologique. Celui- là est né en 1957 juste après sa sœur Nabiha, née en 1954, une asthmatique, emportée par la maladie il y a quelques années. C’est après le décès de leur père en 1986 que la mère s’est chargée toute seule de ce fardeau pour prendre en charge trois adultes à l’intérieur et à l’extérieur de leur foyer de fortune. Cette famille blidéenne, qui habite un quartier populaire, partage une maison de deux pièces. La situation des trois frères s’est compliquée davantage depuis le décès de leur mère, le mois de Ramadhan, le 17 Août dernier.
 Selon le témoignage des voisins, la femme s’est éteinte à l’âge de plus de 87 ans, laissant un grand vide derrière elle, car elle était tout pour ses enfants. «Je n’ai jamais vu de ma vie une femme aussi dévouée pour sa famille comme cette vieille dame qui n’économisait aucun effort pour le bien de ses enfants. Pourtant, ce n’était pas si simple de s’occuper de trois hommes, dépendants et chacun avec sa propre maladie. Tout ça demande une grande patience, une présence continue, une grande volonté et beaucoup d’amour surtout», explique une voisine. Aujourd’hui, les trois hommes sont livrés à eux-mêmes et perçoivent, chacun une pension de 4000 DA par mois que l’Etat attribue aux handicapés.
Une partie de la pension (1 500 DA) va à la femme qui s’occupe de leur lessive. Au nom du bon voisinage, des familles, même pauvres, prennent en charge à tour de rôle les repas quotidiens. D’autres habitants du quartier assurent les repas du week-end. Devant cet état de fait, Ahmed, le plus jeune et le moins atteint, prend désormais le rôle de chef de famille.
Mais sachant qu’il est atteint de schizophrénie ceci le contraint à passer des mois à l’hôpital psychiatrique Frantz Fanon.
«J’ai diminué la dose des calmants que le docteur m’a prescrits. Je me sens mieux, et c’est moi qui m’occupe de mes frères», explique Ahmed qui raconte les difficultés et les moments difficiles qu’il passe à l’hôpital lorsque sa santé mentale se détériore. L’importance de ce rôle fort accablant l’a sûrement aidé à retrouver la joie et une confiance en lui qui lui donnent cette impression de guérison. Quant à Tayeb, l’aîné des trois frères, lui il passe ses longues journées, cloîtré dans son lit, à décortiquer les journaux francophones en quête de nouvelles du pays, du haut de ses 67 années de souffrance.
Il raconte qu’il n’avait jamais travaillé de sa vie, vu la gravité de ses maux et cela depuis son jeune âge, mais il garde un très bon souvenir des trois mois de job auprès du défunt artiste Abdelkader Guessoum, dans le service des eaux, géré à l’époque (1963) par l’APC de Blida. Il avoue aussi qu’il a assuré en bénévolat, des cours de la langue française à des analphabètes. Les trois hommes handicapés se retrouvent plus que jamais seuls, face à leur destin cruel mais avec l’amour qu’ils réservent l’un à l’autre, ils arrivent tant bien que mal à affronter avec courage leur handicap.
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