Le Professeur Amara, chef de service au CHU de rééducation fonctionnelle de Tixeraine : «Le sport et les avantages sociaux, des droits à valoriser»
A la tête de cette structure depuis plus d’une vingtaine d’années, le professeur Amara a vu défiler dans son service des handicaps multiples. Ceux causés par les accidents de la route, de travail ou ceux d’origine congénitale. Leur prise en charge a certes évolué mais des lacunes persistent, notamment dans le segment de l’activité sportive et de la formation des médecins.
Y a-t-il rémission d’un handicap lourd ?
La prise en charge des paraplégiques reste un gros problème. La rééducation assurée ne permet pas de guérir mais d’éviter les complications car ce type de handicap est souvent suivi de problèmes urologiques et des escarres.
La rééducation fonctionnelle en Algérie a vu le jour avant l’indépendance nationale. Le Dr. Nekkache, responsable du service de santé de l’ALN en Tunisie durant la guerre de libération, a décidé d’organiser la prise en charge des blessés de guerre entassés dans les camps de l’ALN (camp de Bedja et la ferme Moussa) et ce, dès janvier 1959.
Créée en 1956, Tixeraine comportait 3 pavillons et une unité d’appareillage. Elle était dirigée par le Dr. A. Bardot, chirurgien généraliste.Après l’indépendance, cette même clinique devint un centre public de rééducation et fut confiée aux Dr Yagoubi et Gana. Dès lors, en 1973, le ministre de la Santé, Dr Boudjellab, avec la collaboration du Dr Brahimi décida d’organiser et de promouvoir la rééducation en Algérie, sur le plan hospitalier et universitaire.Les spécialistes qui forment l’équipe des médecins de rééducation fonctionnelle ont permis d’éviter les transferts à l’étranger qui se faisaient tous azimuts. Un cas transféré coûte 6 millions de DA pour une durée de 6 mois. Il est temps qu’on nous retourne l’ascenseur. Certes, des crédits nous ont été octroyés mais nous ne pouvons pas faire du neuf avec du vieux. Des salles communes avec 8 lits, des toilettes communes, la barrière face aux maladies nosocomiales est anéantie de la sorte. Pourtant cet établissement est classé catégorie A en matière de budgétisation.
Tixeraine reste très sollicité par les handicapés de toutes les régions. Comment l’expliquer vous ?
Notre structure est la seule dotée d’un service d’appareillage complet. Nous réalisons des corsets, des chaussures, des ceintures, tout appareillage pour n’importe quel handicap afin d’assurer une mobilité et une indépendance à nos malades. L’Etat a créé des services orthopédiques mais sans les doter d’un tel service où ils sont nichés en montagne comme c’est le cas du centre de Texanna (Jijel). L’absence d’une politique planifiée relative à la rééducation a favorisé ces différences ainsi que l’occupation à 100 % de nos capacités d’accueil.
Quels sont les types de handicap les plus répandus ?
Il y a les affections acquises (accident de la route, de travail) et les affections congénitales notamment chez les enfants avec les IMC qui commencent à occuper les devants des affections, les spina-bifida et les AVC chez l’adulte principalement les femmes de 40 ans.
Cette maladie est à prendre très au sérieux et nécessite un travail de prévention. Ceci en plus des amputations causées par différents facteurs (bombe, diabète ou autres). Nous avons également reçu spécialement cette année beaucoup de cas du syndrome de Guillain-Barré (maladie autominne inflammatoire du système nerveux péréphérique).
Votre souhait ?
Continuer mon combat pour les handicapés afin qu’ils aient une place dans la société avec les avantages sociaux pour qu’ils vivent dignement. La construction d’un amphithéâtre pour pouvoir former des médecins qui ont choisi cette spécialité.
Aujourd’hui, j’ai une quarantaine d’étudiants et j’ai souvent du mal à les regrouper pour leur dispenser les cours. L’autre préoccupation, la formation dans la prothèse myoélectrique destinée à l'appareillage des amputations d'avant-bras et de bras d'origine congénitale ou traumatique. Elle peut être prescrite dès l'âge de 4 ans. L’unique personne formée nous a quitté pour s’installer à son compte. La prothèse myoélectrique permet de garantir une préhension active des objets et d'assurer les fonctions essentielles de la vie courante (habillage, écriture...)
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