Irak : Al Maliki succédera à Al Maliki
L’Irak se rapproche de la fin de sa crise politique née des législatives du 7 mars dernier, les secondes de l’après-Saddam Hussein, et se rapproche d’une autre… crise plus dangereuse.
Après sept mois de tractations stériles et d’échanges aigres-doux, l’Alliance nationale (l’Alliance de l’Etat de droit, AED, et l’Alliance nationale irakienne, ANI, un regroupement de partis religieux chiites dont celui de Moqtada Sadr qui a 39 sièges au Parlement) opte, sous la pression des Américains et des Iraniens, pour Nouri al-Maliki. Avec le soutien d’une partie des formations de l’ANI qui a obtenu 70 sièges aux législatives le premier ministre sortant qui a désormais l’appui de 132 des 325 députés, apparaît mieux loti pour former le prochain gouvernement.Il pourrait glaner les 31 voix manquantes pour être majoritaire dans les formations de l’ANI qui n’ont pas signé ce soutien. Comme le Conseil suprême islamique en Irak et Fadhila qui ont 27 élus à eux seuls. Iyad Allawi, l’ancien Premier ministre, qui prétend lui aussi au poste de Premier ministre se laissera-t-il faire ? Toutes les négociations que les deux hommes ont eues avant la mi-août, date de leurs ruptures, se sont soldées par un échec.
Allawi qui a devancé son rival lors des élections avec son Bloc Irakia, une alliance laïque soutenue par des sunnites - il a obtenu 91 sièges contre 89- refuse malgré les multiples tentatives de conciliation des Américains qui disposent toujours de 50.000 soldats sur place, de prendre pas part à un gouvernement dirigé par Maliki. «Le Bloc irakien pense que le type actuel de gouvernement dirigé par Maliki ne peut se reproduire, par conséquent le Bloc irakien ne prendra pas part à un gouvernement dont Maliki serait le chef», a affirmé le Bloc de M. Allawi dans un communiqué diffusé la semaine passée.
Maliki qui doit trouver encore quatre députés après l’allégeance des chiites pour avoir une majorité, tentera-t-il à nouveau d’incorporer dans sa coalition son rival pour former «au plus vite» un gouvernement «inclusif et légitime répondant aux exigences du peuple» et «reflétant les résultats de l’élection» pour reprendre l’expression de Joe Biden, le vice-président américain? Pour de nombreux experts, une absence des sunnites dans le prochain exécutif – le chiite laïc Alawi a eu l’appui des sunnites lors du scrutin - pourrait déclencher de nouveaux affrontements confessionnels dans un pays où la situation est loin d’être stable et conforme aux promesses faites en 2003 par George W. Bush : instaurer une démocratie en Irak exemplaire pour le reste du Moyen-Orient.
Quelque centaines de milliers de morts irakiens plus loin, 4.000 soldats américains tués au combat et quelques «bavures» comme Abou Ghraib et le lamentable procès de Saddam Hussein, le pays est au bord d’une explosion qui pourrait «endommager» ses voisins. Pour le plus grand bonheur de ceux qui s’ingèrent dans ses affaires intérieures et de la Ligue arabe qui pense retrouver sa vigueur en envoyant des forces arabes en Irak pour pallier le retrait des troupes américaines.
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