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Egypte : Quand l’avenir est incertain

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« Le printemps du Caire fait place à l’automne du Caire. Pourvu qu’il ne se transforme pas en hiver », écrit Issandr al-Amrani.

Sur le site Internet du quotidien indépendant Al-Masri, l’analyste fait état de son scepticisme et des incertitudes qui planent sur l’avenir politique de l’Egypte en proie à de violents soubresauts. «Le climat politique est en train de changer. Il est probable que les  rédacteurs en chef et les journalistes, ainsi que les gens qui paient leurs  salaires, vont être plus prudents dans la période à venir. » Le temps de l’intimidation et des pressions, qualifiant le désarroi d’un régime à bout de souffle, a lancé les grandes manœuvres électorales.
A moins de deux mois des législatives, l’affaire du limogeage du rédacteur en chef du quotidien indépendant, El Doustour, Ibrahim Eissa, traduit le caractère répressif de la dynastie finissante. La campagne de restriction de la liberté de presse cible une figure emblématique réputée pour ses attaques virulentes contre le gouvernement Il a été déjà condamné, en 2008, a deux mois de prison pour «insulte», après avoir révélé les problèmes de  santé du «Rais», puis gracié, et en définitive licencié sans explication de la très populaire émission télévisée qu’il présentait.
C’est dire que son limogeage, dénoncé par le syndicat des journalistes comme «une attaque organisée contre les libertés de la presse à la lumière des élections parlementaires à venir», s’inscrit dans la vague de répression en cours contre les médias qui  remonte à début septembre: les journaux ont reçu l’ordre de ne pas publier d’informations sur une campagne d’affichage soutenant la candidature à la présidence du tout-puissant chef des services de renseignements, Omar Suleiman.
La fin de mission brutale du journaliste Eissat, décidée par l’homme d’affaires et président du Wafd faiblement représenté au parlement, s’interprète donc comme « une manière de faire pression sur ceux qui appellent à des élections  libres ou à un boycott», affirme à l’AFP l’enseignant en sciences politiques Moustapha Kamel al-Sayyed. D’ailleurs, la nouvelle du limogeage a été annoncée quelques heures seulement après le refus des propriétaires de publier un article de Mohamed el Baradai à l’occasion du 37e anniversaire de la guerre d’Octobre. Pour l’écrivain Alaa al-Aswany, lui-même victime des pressions exercées sur le quotidien Chourouq pour ses écrits plaidant la nécessité d’un changement, la messe est dite. «Le régime est instable et il veut assurer une transmission du pouvoir en  douceur. Il ne peut donc pas tolérer la liberté d’expression», affirme-t-il 
La bataille de la succession qui se pose de plus en plus avec acuité se durcit. Elle met en jeu l’avenir de l’Egypte appelé à faire le choix de la gouvernance dynastique ou du changement démocratique incarné par l’ancien patron de l’agence internationale de l’énergie atomique.
Face aux pressions et au verrou constitutionnel, faisant barrage à une représentation plurielle et à une compétition crédible, l’arme du boycott et, a posteriori, de la désobéissance civile, a été envisagée par une opposition décidée d’en finir avec le règne despotique  des Al Moubarak en alliance avec les milieux d’affaires.

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