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Afrique : Les élections et le réveil des vieux démons

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Sur les 7 millions d’électeurs potentiels, 3 239 774 Burkinabés seulement se rendront aujourd’hui dans les 12.703 bureaux de vote pour choisir leur président parmi sept candidats.

Contrairement aux scrutins organisés en Côte d’Ivoire, au Togo ou en Guinée, l’issue de celui du « pays des hommes intègres »  ne fait aucun doute. Le président sortant Blaise Compaoré, 59 ans, au pouvoir depuis le 15 octobre 1987, date de l’assassinat du « père de la révolution » Thomas Sankara, devrait être reconduit dans ses fonctions. 3.000 observateurs et 800 journalistes dont des étrangers sillonneront le pays enclavé et parmi les plus pauvres du monde pour couvrir  cette élection dont les résultats seront connus au plus tard jeudi prochain, selon Moussa Michel Tapsoba, le président de la commission électorale nationale indépendante, jeudi prochain.
Blaise Compaoré, qui a été réélu en 2005 avec 80,3% des voix, a, fait indéniable, apporté la stabilité à ce pays pauvre-46% des 16 millions d’habitants le sont- et habitué aux convulsions comme le reste de l’Afrique de l’Ouest régulièrement secouée  par des crises. Faute d’enjeu véritable-l’opposition qui aligne six candidats, dont l’avocat Bénéwendé Stanislas Sankara (2e en 2005 avec 4,88% des voix) et le diplomate Hama Arba Diallo, soutenus par de petits partis, reste faible, divisée et surtout sans personnalité charismatique depuis l’instauration du multipartisme en 1991-les analystes promettent des lectures sur le taux de participation et spéculent sur l’après-21 novembre. En campagne, Compaoré a promis de mener des « réformes politiques et institutionnelles » et de transformer le Burkina Faso en pays « émergent ». Défis énormes. Classé 161e (sur 169 pays) selon l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement, le Burkina Faso, qui n’arrive pas encore à  maîtriser sa démographie-elle augmente de 3% par an-, a enregistré en 2008 des manifestations violentes contre la vie chère. Cette année, malgré les assurances du président sur un « équilibre alimentaire », la faim a frappé au nord. Cette situation sociale « catastrophique » pourrait s’aggraver. Al-Qaïda au Maghreb islamique qui sévit au Sahel fait planer son ombre sur le nord-est du Burkina Faso et pousse, pour cause d’insécurité, les techniciens et les touristes à prendre la tangente.
Pas loin du Burkina Faso, Alpha Condé, vainqueur de l’élection présidentielle de Guinée où l’état d’urgence a été décrété par la junte, appelle à l’unité nationale et au retour au calme. Peine perdue. Le pays est, depuis l’annonce des résultats, le théâtre de violences postélectorales entre Peuls et Malinkés (40 et 35% de la population respectivement). « Le conflit politique s’est transformé en conflit ethnique », estime Thierno Maadjou Sow, président de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme qui redoute comme Condé une guerre civile. En Côte d’Ivoire, le président sortant Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara ont, dans un climat marqué par des violences entre leurs partisans, lancé hier leur campagne pour le second tour de la présidentielle historique du 28 novembre. Prochain terrain de leur affrontement : le « pays baoulé », une région du centre dont l’ex-président Henri Konan Bédié, le candidat à la présidence, a été éliminé au premier tour. A Madagascar, les temps sont au retour  des putschs. 15 officiers ont cru pouvoir suspendre les institutions, prendre le palais présidentiel après avoir annoncé la création d’un
« Comité militaire pour le salut public».
 Au Nigeria, au Cameroun, au Congo, on découvre les voitures piégées, l’émergence de groupes armés, au Soudan, en Somalie, il y a comme une instabilité qui s’installe. Pour le plus grand bonheur des « profiteurs » des richesses du continent.

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