Marché des fruits et des légumes de Boufarik : Un lieu témoin de deux époques
Considéré comme le plus vieux à l’échelle nationale, le marché hebdomadaire des fruits et des légumes de Boufarik est opérationnel jusqu’à nos jours, plus d’un siècle et demi après son ouverture. Il alimentait et alimente toujours tout le territoire national en matière de fruits et légumes ainsi que de bétail. Il reste un point névralgique du commerce national. Il sert toujours de lieu privilégié des commerçants qui viennent des quatre coins du pays pour s’approvisionner en fruits et légumes ou les vendre. L’histoire retient qu’un certain 23 juillet de 1830, une colonne de l’armée française marchant sur Blida, passa pour la première fois par Boufarik. Ce lieu n'était marqué que par un vieux puits à dôme grisâtre, perdu au milieu d’un paysage de la Mitidja. Un paysage situé au centre de ce qui deviendra le Grand marché du lundi. Pourtant bien avant sa construction en dur par les colons français, le marché de Boufarik est contemporain à l'organisation du Beylik turc ; il daterait ainsi du milieu du 16e siècle de notre ère. Selon quelques témoignages, la ville de Boufarik a vu sa création grâce à ce marché qui était fréquenté chaque lundi des bédouins qui venaient d’un peu partout du pays pour «étaler les denrées de leur régions, des troupeaux de bœufs, de moutons, de chèvres, de chevaux, des grains, des légumes, des tissus, enfin toutes les productions naturelles ou fabriquées de leurs haouchs et de leurs douars».
Aujourd’hui, les quelques dizaines de platanes plantés il y a plus d’un siècle restent témoins d’une époque lointaine. Le puits et l’abreuvoir ont disparu du paysage du marché pour céder la place à des centaines d’emplacement en fer forgé. Actuellement le lieu ressemble à une grande prison à ciel ouvert. Toutes les traces qui témoignent des époques ottomanes ou coloniales ont disparu exceptées quelques maisons construites en plein centre du marché par les Français. Elles ont été d’ailleurs occupées par nos concitoyens dés l’Indépendance. En 1970 le marché fut amputé d’une grande partie de sa superficie sur laquelle une usine de tabac a été construite par l’APC de Boufarik. Avec le temps, le souk est exclusivement réservé à la vente et l’achat des fruits et des légumes. Plus tard la commune décida de préserver l’autre vocation du marché du lundi, qui est le commerce du bétail, en dégageant un terrain qui se trouve juste en face du marché initial pour accueillir également chaque lundi des centaines de maquignons.
Mais aujourd’hui, il devient de plus en plus encombrant pour une ville saturée par une urbanisation anarchique. Certains responsables locaux proposent à chaque fois de délocaliser le marché en dehors de la ville mais en vain. Par nostalgie ou par souci de rentabilité certains refusent de voir cette aire disparaître de la ville. Et pour cause, il reste un grand symbole et un monument qui témoigne de la naissance de la ville de Boufarik.
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