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Souk Al Asr de Constantine : La mort lente d’un lieu convivial

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Enfoui au milieu de la vieille ville entre Souika, l’ex-rue Thiers (quartier juif) et la Casbah, rendu célèbre grâce à la mosquée El Kattania qui lui fait face, ainsi que les vieilles maisons qui l’entourent, dont celle de l’imam Benbadis, Souk Al Asr a réussi à survivre malgré les aléas du temps et l’écroulement progressif de la vieille ville.
Le souk existe depuis l’époque ottomane ce qui fait de lui le plus vieux marché de la ville encore en activité. Plutôt réputé pour ses prix bas que pour la qualité des produits, il fait encore de la résistance face aux autres marchés de la ville plus grands et mieux lotis. Le lieu populaire et fréquenté par une clientèle venue de Constantine et des wilayas voisines. La foule se croise, marchande et s'entremêle le temps d’une virée matinale dans ce labyrinthe. Les saveurs y sont certes moins fortes qu’avant mais l’endroit reste charmant et ses prix accessibles à tout le monde. En effet, Al Asr est désigné comme étant le marché des petites bourses. A l’instar des ruelles de la Souika, il est très prisé par les constantinois en ces jours de Ramadhan. Certains attirés par les prix, d’autres enchantés par l’authenticité qui reste de ce site. Et il faut dire qu’il y a trop de choses à voir, à sentir entre les étalages des fruits et légumes, des épices, et des cages à poules qui longent la grande place. L’ambiance est animée entre cris des marchands, jeux des enfants et regards des vieillards habitant le coin et guettant les va et vient.
Mais pour les fervents connaisseurs des lieux : les commerçants et les habitants du quartier, Souk El Asr n’a plus la réputation d’antan. Trop de choses ont changé. Aujourd’hui l’anarchie qui y règne traduit en fait la misère dans laquelle il s’est retrouvé après tant d’années d’abandon. Une indifférence qui a terni sa réputation. Rien n’est comme avant, il suffit juste de faire un petit tour pour s’apercevoir qu’au-dessous de la belle marchandise proposée à la vente, la saleté est partout : de l’eau usée aux fruits pourris. «Tout a changé depuis des années déjà. On a beau alerté la mairie pour entretenir les lieux et y mettre un peu d’ordre, personne ne nous écoute. Cela fait quarante ans que je travaille ici et je constate que ça empire d’année en année. Avant les gens venaient de loin pour y faire leurs courses, il y avait même des Européens qui étaient émerveillés par le cachet particulier de ce souk mais aujourd’hui tout a disparu», regrette Ammi Mohamed vendeur de légumes. Pour lui, il n’y a qu’un seul responsable qui est derrière cette pagaille, ce sont les jeunes commerçants qui manquent d’expérience et salissent tout le marché. «Ils ont acheté les places aux anciens occupants de ma génération et ont complètement changé les habitudes. Avant il n’y avait pas tous ces vendeurs ambulants qui écoulent de la vaisselle ou des breloques chinois. Nous avions un règlement qu’on devait respecter et nous étions conscients de ce qui pouvait nuire au souk», assène-t-il.
Si Souk Al Asr et d’autres comme celui de Souika devaient disparaître un jour, c’est toute Constantine qui perdrait une partie de son histoire et de son âme.
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