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Le marché de Laâquiba : Un pan de la mémoire populaire

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imagePhoto : Makine F.

Laâquiba. Un nom, une histoire qui se sont façonnés tout au long du 20e siècle. Ce quartier populaire de la commune de Belouizdad (Alger) est plus réputé pour son marché éponyme. Ici tout le monde trouve plus ou moins son compte.  Faire son marché à Laâquiba est pour la ménagère un « périple » indispensable pour concocter le menu du jour. Pour les futures mariées le lieu est également à visiter au côté de “zenket laârayess” à la place des martyrs.
Il offre les plus belles étoffes. Mais la magie des lieux s’est estompée.  Les marchands ont changé. Fini le temps où le commerçant prenait soin d’entamer une discussion avec ses clients tout en les servant.  C’était l’époque de la convivialité.
Une cohésion parfaite et un lien de confiance étaient tissés. Kader Lounis 72 ans marchand de légumes depuis 50 ans, s’en désole.
«Laâquiba n’est plus ce qu’elle était, même les clients ont déserté l’endroit. Cette situation trouve aussi son origine dans le relogement des habitants des quartiers du Hamma et de la Carrière »,  dit-il. Et il n’y a pas que ses habitants qui quitté les lieux ont la qualité des produits vendus n’est plus la même ausi, «Jadis, lorsque le contrôle s’opérait dans le marché de gros des Halles les  fruits et les légumes étaient déjà d’une qualité parfaite. Mais depuis  le fait  que c’est le fellah qui cède son produit pour des revendeurs cela ne laisse aucune chance au détaillant de vérifier le casier », se désole Kader Lounis. Un autre vendeur de vêtement évoque le passé de Laâquiba avec nostalgie.
«Ce marché n’est plus ce qu’il était. Les vetêments de luxe ne se trouvaient qu’ici et à la rue de Chartres (Basse Casbah)», se rappelle-t-il. C’était le premier temps du trabendo lorsque les passeurs de cabas se fournissaient à Marseille et Naples. «Quand je fermais boutique j’allais avec des copains au cinéma Chahrazad voir un film hindou», ajoute le vendeur. Evoquer Laâquiba c’est également parler du club de football du quartier. « Le CRB est notre équipe, je l’ai suivie dans ses différents déplacements et la caisse du club n’est jamais restée vide. On se faisait un devoir et un honneur de contribuer à financer le chabab », souligne Kader Lounis.  
Parler de Laâquiba s’est forcément revisiter le passé pour les séniors de ce quartier. Les noms défilent : Albert Camus, l’écrivain, Hassan Lalmas, le footballeur, feu El Hachemi Guerrouabi, l’artiste.  Laâquiba c’est aussi  Mohamed El Khiat  le couturier qui a contribué avec le concours des couturières des quartiers avoisinants à la confection des  habits des moudjahiddine.
Laâquiba c’est aussi le mausolée de Sidi M’hamed “Bou qabrine” où les femmes y allumaient un cierge en faisant un vœu. Aujourd’hui elle est en voie de devenir un amas de pierres et une artère de commerce sans âme.
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