Accueil | Sport | Réflexion Par Moncef Lachgar : Quand l’élève veut dépasser le maître
Newsletter
Email:

Réflexion Par Moncef Lachgar : Quand l’élève veut dépasser le maître

Taille du texte: Decrease font Enlarge font
image

Huit nouveaux éléments, dont cinq locaux, ont été appelés en renfort en équipe nationale par Benchikha. Le «général» entame, ainsi, la révolution annoncée, en écartant quatre joueurs professionnels mondialistes, à savoir Belhadj, Abdoun, Ghezzal et Bellaid. Un chamboulement au sein de l’effectif de l’EN qui a étonné plus d’un. A trois mois seulement de la rencontre décisive face au Maroc où les Verts jouent leur qualification pour la phase finale de la CAN 2012, est-il vraiment judicieux d’opérer un tel changement ? Si on se réfère aux critères techniques et scientifiques, une telle option ne serait nullement recommandable. Après une action aussi importante prise dans la précipitation au lendemain d’un mauvais résultat, on serait bien tenté de croire que Benchikha a cédé à la pression de la rue et d’une certaine presse spécialisée, qui se basent sur des critères, plutôt subjectifs. Avec seulement deux matches amicaux, Benchikha n’aura jamais suffisamment de temps pour résoudre, d’une part, le problème d’intégration des nouveaux venus, et corriger, de l’autre, les lacunes dont souffre déjà l’équipe nationale. Il serait même suicidaire de penser à détruire un travail de trois années, qui a tout de même conduit l’EN au Mondial et à une demi-finale de la CAN, pour entamer un aussi important chantier en si peu de temps, sur des bases pas tout à fait claires et dont les résultats ne sont même pas garantis. Certes, des éléments comme Belhadj, Lacen, Ghezzal ou encore Ziani sont considérés comme joueurs très moyens par rapport au niveau mondial, il n’en demeure pas moins qu’ils restent supérieurs, à tout points de vue, par rapport aux locaux. Malgré cela, Saâdane a pu construire un groupe mondialiste, en s’appuyant exclusivement sur la maturité tactique par laquelle se distinguent les joueurs évoluant dans les championnats européens, par rapport à ceux du cru. En jouant avec une stratégie adaptée et très réfléchie, mais avec beaucoup de prudence, il a pu réaliser de bons résultats. Même s’il y avait certaines imperfections sur le plan technique et des choses à dire, notamment dans la gestion du groupe par Saâdane, l’EN a atteint un niveau mondial. On asouvent reproché à Saâdane son jeu très défensif, avec souvent un seul attaquant de pointe. Mais pouvait-il faire autrement ?  On oublie cependant que les cadres qui constituent l’ossature de cette sélection ont tous été victimes de blessures nécessitant de longues absences. Ceci sans parler de la saturation engendrée par la succession des matches et des stages et la précarité de la situation dont souffraient certains d’entre eux au niveau de leurs clubs respectifs. Des situations qui n’ont jamais permis à l’équipe nationale d’évoluer avec tous ses moyens. Par ailleurs, il faut savoir une chose. Ce n’est pas le nombre d’attaquants de pointe qui définit le choix tactique. C’est l’animation tactique et le mouvement des joueurs selon les orientations de l’entraîneur qui le déterminent. Le champion du monde 2010 commençait bien ces matchs avec un seul attaquant de pointe, en l’occurrence Villa. Mais jouait-il pour autant la défensive? Certainement pas. La Roja avait dans toutes ses rencontres le monopole de la balle et se créait beaucoup d’occasions de but. Ceci grâce à la qualité de joueurs comme Xavi, Iniesta, Alonso ou encore Pedro et Villa, que Saâdane n’avait pas dans son équipe. Des éléments en mesure de suivre le rythme avec à chaque fois une reconversion défensive-offensive et vice-versa très rapide. Dans le haut niveau, c’est la qualité du joueur sur les plans technique, tactique, physique et mental, qui fait la différence. Ainsi, c’est en fonction de l’effectif dont on dispose et du niveau de ses éléments qu’on détermine l’option à prendre pour essayer d’optimiser les choses au niveau des résultats. C’est dans cet esprit qu’on peut apporter un jugement objectif à notre sélection nationale. Le long terme, la stabilité et la confiance sont des vocabulaires effacés de notre mémoire. Céder à la pression de la rue pour remettre en question un travail élaboré depuis trois ans et s’engager dans un nouveau projet, est la dernière chose à faire à la veille de rendez-vous aussi importants. Il était préférable de chercher la bonne formule pour remettre le train sur les rails. Car l’expérience vécue par ce groupe sera d’une grande utilité pour les prochaines échéances. Les mécanismes, les automatismes et la dynamique de groupe acquis  devraient être préservés. Travailler dans la continuité, en s’appuyant sur l’expérience de ses prédécesseurs, ne diminue en rien dans les compétences d’un entraîneur. L’élève sans l’expérience du maître ne pourra même pas devenir un bon élève…
Add to: Add to your del.icio.usdel.icio.us | Digg this storyDigg
  • email Envoyer à un ami
  • print Version imprimable
  • Plain text Plain text
Rate this article
0